J’ai posé mes pieds sur son rivage et laissé ses fougueux rapides déverser leur mélodieuse chanson sur mes orteils ! J’y étais finalement, en tête à tête avec le Fleuve N’Zi. Ma relation particulière avec la culture m’avait conduite dans la région de l’Agneby Tiassa, à la découverte d’une histoire connue de tous, celle de l’esclavage des noirs qui a réveillé bien de sensations et sentiments en moi. Mais devant ce spectacle bluffant que m’offrait mère nature aux abords de ce fleuve majestueux, j’avais retrouvé le calme.

Par Meganne Boho

Méganne notre contributrice qui nous relate son voyage dans l’Agneby-Tiassa

Amoureuse de découvertes, j’ai visité bien de pays mais je restais persuadée d’une chose : Mon pays avait encore plus à m’offrir. Je devais connaitre ses paysages aux mille et une couleurs, ses histoires d’héros d’autrefois, ses mets aux suaves saveurs, ses artisans au doigté sans pareil.J’ai alors pris mon stylo et mon carnet de note, vêtu de mon T-shirt #Culturiche et mis le cap sur la ville de Tiassalé avec Akpany Tour, cette initiative remarquable de jeunes passionnés de tourisme, d’art et de culture.

KANGANIANZE : Lorsque l’Histoire me ramène aux racines

Notre première escale fût le village de « Kanganianzè » qui signifie Vase des Esclaves. Le décor était planté, J’étais sur un site historique. Ce petit village avait été le témoin de ce passé douloureux, la vente des noirs. Civilités et salutations faites selon la coutume, Le Chef du Village, Nanan Banka, nous donna sa bénédiction pour effectuer la visite de l’endroit précis où étaient détenus les esclaves en partance pour l’Amérique, où un monument avait été érigé par l’Etat de Côte d’Ivoire, à la mémoire de ces déportés.

Juste à côté, j’ai eu l’occasion également l’occasion d’écouter la petite histoire de ce point d’eau précieux pour ce village : Le marigot de Bodo. L’origine de ce nom m’a arraché quelques éclats de rire : « Celui dont le nom a été donné au village d’où ce marigot tire sa source, parcourait la région à la recherche d’un endroit où élire domicile. Arrivé au lieu exact où se trouve le village actuel de bodo, il fit une énorme chute et tomba. Il décida alors de rester sur ce lieu pour s’y installer et l’appela « Gbôdô » ; l’onomatopée initiale, « Gbôdô », faisant référence au bruit de sa chute, de déformation en déformation finit par devenir Bodo. »

Ce marigot servait autrefois de lieu de rituels de purification pratiqués par les esclaves avant le triste aller sans retour vers l’Amérique. Les populations continuent d’y prendre des bains purificateurs pour ainsi dire attirer le bonheur. Un mystère entoure cependant ce marigot qui ne tarit jamais selon les dires de nos hôtes du jour et cela même quand sa source l’est! Des phénomènes qui défient les lois de la science, j’en ai vu durant cette excursion, et celui-là fait partie de mes coups de cœur.

Ce village m’a communiqué quelque chose de positif sur lequel je ne pus placer de mot ! La joie et le sourire innocent des enfants qui nous suivaient partout, les chants fredonnés par le groupe de femmes qui nous avaient accueillis, m’ont connectée à l’atmosphère du jour : ensoleillé et heureux, loin du brouhaha quotidien des grandes villes. J’ai voulu garder les traces de ces moments si importants pour moi, mon talentueux collaborateur, Franck Arichy, s’en est chargé en capturant chaque émotion au travers de son objectif. Ces photos sublimes resteront longtemps pour moi des preuves que Ma culture est riche, belle et a de la valeur.

J’aurais voulu rester plus longtemps et me laisser bercer par le doux hymne des oiseaux qui sûrement nous souhaitaient la bienvenue à leur manière mais je bouillonnais de curiosité, il me fallait à tout prix découvrir les prochains sites : le pont mythique de Tiassalé et son fleuve N’zi !

Tiassalé et ses fleuves N’Zi et Bandama : #Crush

J’ai pendant des années traversé cette ville sans m’apercevoir du trésor qu’elle détenait. Bercée par deux fleuves, le N’Zi et le Bandaman, on peut voir sur ses terres, les traces des œuvres coloniales. Certains bâtiments peuvent même en témoigner. Nous fîmes un bref détour vers la barque du capitaine Manet, un colon connu dans le temps, qui perdit la vie, noyé dans le fleuve N’Zi. Nous avons pu voir l’épave de son embarcation et aussi sa tombe, non loin des rives, près de l’actuel Maison d’Arrêt de la ville de Tiassalé. Le car fît alors demi-tour et marqua un arrêt. Je fis un large sourire, j’étais devant un édifice impressionnant.

Mon acolyte « explorateur » et moi, n’avons pu nous retenir face à ce bijou architectural : Le Majestueux Pont de Tiassalé ! Je ne me suis pas faîte priée non plus pour poser devant l’objectif. Il m’en fallait à coup sûr, des photos devant ce pont. Les éclats de rire de mes compagnons d’excursions sur les rives du N’Zi ne firent qu’activer mon impatience : Le N’zi m’appelait !

Comme un enfant ayant entendu quelqu’un scander son nom, je descendis, en courant, la petite pente qui allait me mener à ma caverne spéciale d’Ali Baba. J’étais là, face à lui. Je n’avais plus les mots devant ce ballet magnifique que m’offrait ce paysage multicolore. Le bruit de ses rapides qui se cassaient sur les gros rochers, qui étaient devenus indissociables à la nature de ce fleuve, était pour moi une musique pouvait rivaliser avec les 4 saisons de Vivaldi.

Je m’engageai le pied droit d’abord, ensuite le deuxième. Puis après m’être agrippée çà et là à plusieurs autres rochers, je me hissai sur l’un des plus gros qui se trouvaient à ma portée. De là j’avais une vue imbattable sur ce panorama. Je fermai les yeux, respira lentement et dans un soupir lui fit une promesse : je reviendrai N’zi, je reviendrai…

Ahouakro, Si les pierres pouvaient parler…

Le Parc archéologique d’Ahouakro m’a fait réviser mes cours de sciences naturelles et de physique. Les agencements de ces immenses pierres qui défient les lois de la physique avaient eu raison de ma curiosité. J’étais scotchée !

Je rampais même sous les pierres pour vérifier moi-même leur équilibre mystérieux. Je vis aussi ces étranges lianes qui selon Raymond, notre guide, étaient pleines d’eau pure ; elles étancheraient la soif de quiconque les trancheraient afin de boire son nectar. J’ai passé quelques minutes à l’intérieur d’un agencement de pierres qui servaient autrefois de sépulture, d’autres avec des formes de tête de lion, certains avec des traces inexplicables de doigts enfoncés dans le granite et le tout dernier avec le nom de Dieu écrit en Arabe. Je restai bouche bée devant toute ce paysage rocheux, j’avais vu plusieurs photos de ces monstres rocheux mais je voulais les voir pour y croire ; j’étais enfin satisfaite ! J’avais rempli mon réservoir de découvertes pour au moins 2 mois.

Sur le chemin pour Abidjan, je songeais déjà à ma prochaine destination. Je l’avoue, je deviens de plus en plus amoureuse de mon pays la Côte d’Ivoire, de Mon Afrique…

Categories: Société

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *