Jide Odukoya est un photographe nigérian réputé pour ses travaux sur les paysages urbains. De Lagos à Abuja, en passant par Ibadan, il dresse le portrait des villes nigérianes. Il s’intéresse de plus en plus à un travail documentaire du lifestyle et évolue vers des réflexions liées aux problèmes socio-économiques dans son pays.
C’est dans cette optique qu’il a proposé “Turn it up !”, une série de photographies présentant l’Afrique la moins connue dans le monde occidentale. Elle était à la une du LagosPhoto Festival.
Par Orphelie Thalmas
Le continent africain est relayé dans les médias internationaux comme un vaste terrain où règne famine, guerre, et insalubrité. De nos jours, même certaines campagnes de levée de fonds s’appuient à l’abus sur cette image partiale et parfois exagérée, pour attendrir les personnes mal informées. L’industrie du cinéma, les publicités, et même les dessins animés contribuent à cette image erronée de l’Afrique considérée comme hostile. Pour certains, toutes les civilisations africaines sont restées à l’étape primaire. Pas de routes, pas d’immeubles, pas d’électricité…
Sur internet, les photos et vidéos d’africains amaigris, morts en pleine guerre, sur des bateaux en route pour l’Europe, ne manquent pas. Et les images positives, celles qui présentent des sourires, sont en grande majorité des clichés d’enfants dans un environnement poussiéreux avec des vêtements rapiécés. Pas qu’elle soit dégradantes, mais ce ne sont pas les plus représentatives de l’Afrique.
Ce sont ces clichés que Jide Odukoya fait tomber. Il a capturé des images de mariages nigérians, symbole fort de l’abondance. Voitures luxueuses, boubou dans des textiles de valeur, Boissons onéreuses, star de la musique internationale made in Nigeria, bijoux de luxe… C’est bien au Nigéria, en Afrique.
Alors ces images pourraient sembler excessives pour certains, mais elles tranchent bien avec les préjugées sombres qui trempent aussi dans l’excès. Solution choc ?
L’oeuvre du photographe est cependant l’un des signes qui nous ramène dans un contexte de prise en main de notre image. De plus en plus, les africains dans divers domaines de création s’attellent à rendre justice au continent en le présentant tel qu’il est, aussi positif que négatif.
Il n’est pas question de renier nos maux, mais d’offrir des options aux personnes qui souhaitent nous découvrir, de ne plus limiter leurs horizons.
Il fait bon vivre en Afrique. Les africains ont bon goût. Ce sont de bons vivants. La guerre, la famine, les maladies, ce n’est pas partout, ce n’est pas toujours.