A la Galerie Louisimone Guirandou, l’artiste Richmond Téhé s’engage pour un idéal humaniste. Tout est dans le geste, et dans les mots.

Du 20 mars au 3 mai 2025, La galerie Louisimone Guirandou présente Richmond Téhé avec son exposition Sublime différence.

Quand les regards sont vides face à l’injustice, l’artiste joue son plein rôle : celui d’avoir le pinceau éducatif et la palette narrative. L’artiste Richmond Téhé s’engage donc pour un idéal humaniste. Tout est dans le geste, et dans les mots.

Acte engagé

Sublime différence est une hymne à la bonté de l’âme, à l’égalité, au mérite et à la considération que nous
devons accorder à chaque être humain divinement créé.

« La nature a fait l’homme heureux et bon, mais […] la société le déprave et le rend misérable. »
Cette pensée de Jean-Jacques Rousseau prend tout son sens dans cette exposition dédiée à la cause de cette communauté marginale qu’est celle des Albinos. Richmond Téhé, pour se faire entendre, fait « chanter le dynamisme » : déconstruire pour laisser entrevoir la bonté de l’âme par le regard.

Technique agile et habile

Des portraits à peau de lait illustrés dans un dynamisme de lignes grasses entrecroisées (indexant ainsi les rapports conflictuels entre êtres humains) et une application maîtrisée du dessin. L’artiste, loin de seulement travailler sur une thématique précise sans trop de détails, expose son agilité dans l’art du portrait, entre construction, déroulé et morphologies visibles dans ce brouillard de lignes.

Des visages à découvert, dans un contraste de fond et de forme, laissent apparaître l’éclat des yeux, parfois d’un malte profond ou d’une lueur étincelante. Sans nous le dire, ces visages disent : ils parlent et expriment les avis, les mythes et les mystères autour de leur communauté. Ils s’expriment dans le langage du regard mais aussi à travers la palette de l’artiste, à la fois très colorée et très décolorée.

Pas de marginalisation, mais une célébration de la différence

L’artiste ne fait pas une représentation tragique des traitements infligés à la communauté albinos. Il expose plutôt la valeur intérieure de tout homme, celle de savoir qu’avant chaque action, il faudrait se dire que l’être en face est animé d’une âme semblable à la mienne. Le support d’exécution est très original. Il ose le métal et les grilles, apportant un brin de folie.

Loin de seulement représenter les obstacles auxquels fait face la communauté albinos pour son intégration, cette charge en matériaux fait gravir la facture graphique du travail de Richmond Téhé. Beaucoup d’efforts pour représenter la fragilité. Une exposition passionnante à découvrir : peinture, sculpture, installation… Tous les éléments sont réunis pour faire de Richmond Téhé l’une des prochaines têtes très visibles du paysage artistique plastique ivoirien.

Joel Egny

Categories: Arts visuels

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