Abdoulaye Diarrassouba, dit Aboudia, est un illustre artiste plasticien ivoirien, bien connu de la
scène artistique nationale ainsi qu’internationale. Il est l’un des noms ivoiriens les plus connus dans le monde des arts. Un artiste avec une façon de faire pittoresque, qui ne laisse pas les bouches muettes, et dont le travail suscite des avis divergents. Loin de faire le procès de l’artiste Aboudia, qui, de notre œil critique, a déjà fait ses preuves, nous nous essayons au catéchisme de la critique.
Comment, d’une façon générale, admirer une œuvre plastique, qu’il s’agisse d’une peinture, d’une sculpture, d’une installation ou autre ?

Comprendre les profanes, pour leur faire comprendre Aboudia
Face aux jugements et aux avis amusés de certains observateurs profanes, il serait judicieux de
faire comprendre à la masse, cette notion fondamentale : IL N’EXISTE PAS DE LIMITE EN ART, car la création est un vaste champ fertile qui attend, avec impatience, des graines de toutes
sortes. L’univers d’Aboudia se compose de trois segments visuellement apparents, à savoir LA
COULEUR, LES FORMES ET LA MATIÈRE, des éléments qui, d’un point de vue académique, sont
représentatifs des critères fondamentaux d’une belle œuvre.
De façon générale, la sensibilité à une œuvre commence à se créer à partir de ces trois points. Que nous soyons dans des tons chauds, des tons froids ou des nuances de gris colorées par ses palettes, Aboudia arrive remarquablement à éveiller nos sens par ses jeux de couleurs, traduits très souvent par une
violence. L’artiste ne se fige pas ; il joue avec le dualisme, le mouvement et les réactions, sans se soucier
des conventions. Par des compositions de personnages rigides et asymétriques, il est difficile
de suivre la ligne de l’artiste, chose tout à fait évidente pour quelqu’un qui inscrit son travail
dans la cause de la petite enfance. Démarche plastique presque infantile, parfumée de violence, Aboudia sait éveiller le doute.
Par des formes grossières et libérées, il amène notre esprit figé dans son monde, celui d’un parcours vécu et d’une personnalité presque insouciante. Dans son oxymore pictural, il nous fait comprendre que nous sommes un peu trop cartésiens.

Se libérer des conventions pour appréhender Aboudia
Pas besoin d’être ivre pour admirer un Aboudia. Se détacher de nos (légitimes) préjugés sur ce que doit être une œuvre picturale, serait un bon début.
Les conventions sont souvent le frein à l’illumination de notre esprit, car toutes les révolutions artistiques se sont faites par une mutation, souvent douce ou drastique, de la convention établie. L’artiste Aboudia s’inscrit dans la seconde : celle de la mutation drastique. « L’art est fait pour troubler… » disait Georges Braque. Dans un contexte plus sociologique, les réactions face à son travail sont l’évidence d’une société de plus en plus conservatrice et un peu radicale dans ses choix.
Certes, comme on le dit souvent, les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais parfois, les couleurs n’attendent pas notre dévolu pour susciter en nous des réactions inattendues.
Crédit photo portrait : Galerie CHRISTOPHE PERSON