Personne n’a nasillé, ni « roulé de R » pour faire comme les « blancs ». Personne n’a affecté un statut qu’il n’a pas. Le casting s’est construit autour de vrais acteurs qui pour beaucoup étaient des comédiens qui ont appris leur métier dans des écoles de théâtre ou auprès de grands maîtres comme Sidiki Bakaba. Le lundi 29 octobre, la chaîne télé Canal + diffusait les deux premiers épisodes de la série Invisibles tournée en Côte d’Ivoire et réalisée par l’ivoirien Alex Ogou.
Par Paul Agoubli, Enseignant-chercheur département lettres modernes, Université FHB
Ils ne sont pas simplement venus faire le beau à la télé comme on l’a trop souvent vu ces dernières années. La qualité de l’acteur et l’adresse de son jeu relèvent de la responsabilité quasi exclusive du réalisateur qui a su s’entourer d’une équipe de professionnels. Merci donc à Alex Ogou, et à Canal + (par le parlement du rire aussi) de redonner vie à ces grands comédiens et acteurs ivoiriens oubliés par une révolution qui n’aura été que trop souvent une vaste imposture parce qu’elle a cru pouvoir faire table rase du passé et se construire sur aucun substrat, sur rien. Un Dosso Tiekoumba magistral m’aura subjugué hier. On a raconté une histoire bien de chez nous et sans complexe.
Mes amis des sciences du langage seront heureux de la percée du français ivoirien et du nouchi* admis comme tels et sans interférence dans une production à visée internationale. Si on se conforme aux langues des autres, ils peuvent bien faire l’effort de nous comprendre, nous, sans vouloir qu’on les singe à tout prix pour qu’ils nous acceptent. D’ailleurs ce n’est pas ce qu’ils nous demandent, la preuve. L’instant d’une série télé, un complexe séculaire aura été violemment brisé, renversé. VICTOIRE!
*Argot ivoirien
Bon quand même, t’as des apprentis dragueurs qui chôcô. On pourra dire que c’est pas évident, en tout cas, de faire le naturel, de traduire un personnage.
Bon, t’as des apprentis dragueurs qui chôcô.
On pourra toujours dire que c’est pas évident de traduire un personnage tel quel.
Mais bon…