Le miracle ivoirien c’est la période faste de la Côte d’Ivoire. Elle correspond aux années 60 et 70 marquées par la prospérité et la stabilité politique. Durant cette période, sa capitale économique, Abidjan, a particulièrement vibré de grâce avec un lifestyle éclatant. La culture urbaine s’est dessinée à travers l’architecture, la musique et la mode notamment.
Par Orphelie Thalmas
Le choix du cadre et de la commune correspondait si bien au thème. Cocody centre, cité des Arts, vieux et solide quartier. La Galerie d’Art, l’une des plus prestigieuses d’Abidjan, ayant exposé les artistes plasticiens les plus brillants.
Sur un T inattendu, conçu comme une pièce d’un de ces édifices de Yamoussoukro, capitale politique, luisant discrètement de son doré mat, les projecteurs s’allument. Face au public, il aura vu défiler les collections inédites de Yhebe Design et Olooh concept. Commandés par la maison Vlisco, les créations des stylises Rebecca Zoro et Kader Diaby avaient en commun la structure. Symétriques, composées comme des équations, peut-être exprimaient-elles la discipline prononcée d’une période dont les valeurs crient retour.
Kader Diaby avec Olooh Concept superpose les pièces avec une improbabilité dont le résultat surprend par son harmonie. Il est aventureux et frôle les limites du streetstyle. Ces pièces sont de collection. Difficile de les porter deux fois. On n’y passe pas inaperçu. Il s’inspire de l’architecture d’ailleurs, dit-il. Celle de la pyramide du Plateau le guide particulièrement. Elle décrit la croissance, le développement par la superposition d’éléments.
Rebecca Zoro, elle, raconte une histoire. Celle de la jeune fille qui grandit pour devenir une grande Dame. Les coupes le disent. Du petit bout de pagne attaché autour du cou, à l’ensemble maxi en trois pagnes, la créatrice de Yhebe Design rend compte d’une évolution tout en restant dans le contexte des années 60-70. Permettez nous de le dire : Il y a là, pédagogie de la mode ivoirienne, de son histoire.
Autour de ce spectacle, sont exposés les œuvres de Ngadi Smart, des illustrations qui suivent elles aussi le thème du jour. Imprimé Vlisco, coupes afro, Femmes naturelles et classes. En fond sonore, la musique est éclectique tout en puisant dans les classiques de l’époque à l’honneur. Asna et Black Charles sont aux platines.
Cette soirée illustre un trait d’union mené par une jeunesse créative qui sait où elle va parce qu’elle sait d’où elle vient.