Beyoncé dans un ensemble Tongoro du Sénégal, en jupe Yhebe de la Côte d’Ivoire, en tee-shirt Afrikanista du Sénégal, un sac à main de chez Adama Paris du Sénégal… C’était le buzz de cette première semaine du mois de décembre 2018. Jamais auparavant la star américaine n’avait autant enchaîné les pièces made in Africa. Mais d’où lui vient cet intérêt prononcé pour la créativité africaine ?
Zoom sur quatre (4) raisons qui pourraient expliquer ce nouveau feeling.
Par Orphelie Thalmas
1 – La légitimation de son statut d’artiste engagée pour les afro-descendants
2018 est l’année où le rapport de Queen Bee à l’Afrique a été le plus discuté. La discordance entre son discours et ses actions ont même poussé certains fans à la traiter d’hypocrite et d’opportuniste. En effet, alors qu’elle proclame son engagement pour la cause des noirs et s’inspire ouvertement de la culture africaine depuis la sortie de Lemonade, la chanteuse a toujours rechigné à caler une date pour un concert sur le continent. Et pourtant les sollicitations ne manquent pas. Mais Bee demande des cachets astronomiques. Les 4 millions de Dollars exigés pour un show à Abidjan avaient d’ailleurs refroidi des promoteurs en 2016.
De passage en Afrique du Sud pour le Global citizen, ses différentes sorties en tenues de créateurs africains pourraient bien redorer son blason et booster son capital sympathie.
2 – Le rachat après les polémiques de plagiat
Ce n’est pas aujourd’hui que la chanteuse s’intéresse à la créativité africaine en réalité. Elle ne l’avait peut être pas revendiqué, mais ses vidéos, ses scènes, et ses shootings en attestent. Le lundi 12 mars 2018, le couple Carter dévoilait l’affiche officielle de leur tournée mondiale On The Run Tour II. Plus que l’esthétique de la photo, c’est la référence qui a déchaîné les médias. En effet, il s’agissait de la reprise de Touki Bouki du cinéaste Djibril Diop Mambety. Il y a ensuite eu la direction artistique du clip Apeshit pour lequel un créateur d’origine nigériane, Ikiré Jones, a signalé en être l’inspiration non mentionnée. Pas sûr que l’interprète de Flawless se préocuppe de ces polémiques, mais son staff probablement.
En jouant l’influenceuse mode pour les créateurs africains, Beyoncé se ratrappe bien auprès des fans.
3 – Un véritable goût pour la mode africaine
Et si tout simplement Beyoncé avait envie d’explorer de nouvelles touches authentiques ? La star semble depuis son dernier album solo enclin à l’originalité, à l’atypique. Elle se permet de sortir des codes qu’on lui connaît. Après plusieurs années de carrière, une vie professionnelle et familiale pleine, elle s’autorise quelques entorses à sa « charte » carrée.
L’Afrique c’est hype, et la Queen y cède peut être aussi.
4 – Un entourage avisé et prescripteur sur le sujet
Jenké Ahmed Tailly a été un bon moment le styliste de Beyoncé. Le sénégalo-ivoirien confiait à l’express, travailler pour la diversité de la mode et la reconnaissance de la culture africaine. A coup sûr et dans la discrétion, l’homme a influencé les goûts de sa cliente. Aujourd’hui elle est suivie par Zerina Akers qui a cette même sensibilité et a quelque chose à voir avec les dernières sorties de la star dans des tenues Tongoro. Il y a aussi l’influente agence de Relations publiques Anna Touré qui a quelque chose à y voir. Représentant Selly Raby Kane, Yhebe Design, Karidja et Khadija, ou encore Afrikanista, elle réussit à faire porter leurs pièces à des célébrités de son réseau bien établi. Nul doute qu’un lobbying a aussi contribué à certains choix de créateurs au delà de la qualité.