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La fête de génération de Moossou a connu son apothéose dans la nuit du dimanche 21 avril au lundi 22 avril. Le peuple Abouré a appliqué une tradition née d’un événement anecdotique et déterminant. Sur les eaux et sur terre, il a fait montre d’une culture impressionnante.

Loin du folklore, nous avons été en immersion avec doyens et notables du village afin d’en savoir plus sur une fête incontournable dans le calendrier Abouré.

Par Orphelie Thalmas

La parade terrestre. Photo : Pimi Pango

Des générations de guerriers

Le pouvoir Abouré est géré sur 15 ans tour à tour par deux générations qui ont leur quartiers respectifs : Celui des Tiagba et celui des Bloussoué. A ce jour ce sont les Tiagba qui le détienne. Mais au quotidien chacun des quartier jouit d’une liberté d’exercice d’un pouvoir interne. Chez les Bloswé -peuple concerné ici- le pouvoir est organisé autour de quatre catégories de guerriers : les Attiblé, les Baoulé, les Djamian malimbé, et le Djamian.

Initialement tenue discrètement entre les catégories qui se retrouvent pour renouveler le pacte avec les ancêtres, la fête de génération a connu une nouvelle ampleur dans les années 40.

Un aîné accompagne la parade lagunaire avec une corne de boeuf.
Photo : Pimi Pango

Un virage né d’un malentendu

Dans les années 1940, une guerre éclate entre les Abouré et les Ebrié. L’origine du conflit entre les deux peuples lagunaires est attribuée à un
Nzima, vendeur de bijoux, appelé Niamké Boua. Ce dernier aurait séduit une femme Ebrié au bac d’Eloka. Pour les Ebrié, l’affront n’a été possible que par l’entremise des Abouré qui ont permit aux apoloniens de s’installer sur leurs terres. Les Abourés sont régulièrement matés lors des batailles. Ils ont alors recourt aux fétiches du peuple Kroumen à Tabou. A la suite d’un sacrifice humain, le fétiche est remis aux Abourés qui finissent par vaincre les Ebriés.

Parade lagunaire.
Photo : Pimi Pango

Un pacte de paix est alors scellé avec pour résolution de définir les frontières des terres des deux peuples.

Depuis, pour célébrer la victoire des guerriers, les générations ont donné une dimension plus grande à leur rassemblement annuel. Ils interprètent les étapes phares de cet épisode historique de leur peuple.

Le Roi de Moosou.
Photo : Pimi Pango

Le respect scrupuleux des rites

Le soir du début des rites, après avoir effectué l’immolation des bêtes à consommer plus tard, et s’être préparés, les catégories se réunissent pour la danse des flambeaux. La nuit tombée, il paradent en dansant avec le feu au bout de leurs bâtons. Il font le tour du village en passant indispensablement par le cimetière. Ce défilé se fait au son des tambours et est réservé aux Abourés. L’ambiance y est électrique et joyeuse. Ce sont uniquement des hommes qui le composent. Ils se vêtissent pour certains avec des tenues féminines et miment des gestes farouches exprimant la puissance et l’intimidation. Il partent en guerre mais aussi en communion avec les ancêtres et le génie purificateur Aweni.

Les flambeaux

A l’aube, une fois reposée, c’est la lagune qu’ils investissent à pirogue. Pour chaque catégorie, une armada de pirogues habillées en conséquence. Bleu, rouge, jaune, vert, à chaque groupe sa couleur, son tempérament, sa mission, avec un ordre strict de passage :

Baoulé  : les guerriers éclaireurs qui ont pour rôle de chasser les mauvais esprits et les ennemis

Djamian : Ils fournissent la nourriture aux guerriers,

Djamian-Malimbé : Ils  veillent sur le genre féminin

Attiblé : Les sages, gardiens du village et les garants de la société Abouré ferment la parade lagunaire et la marche.


Photo : Pimi Pango

Le mystique exprimé

Durant les parades lagunaires et terrestes, on peut constater des transes spontanées et impressionnantes. Les guerriers semblent se défier ou s’attaquer à travers des accolades forcées, des têtes à têtes musclés. Les catégories ne doivent pas se mélanger. La tension est palpable sans altérer l’euphorie.


Photo : Pimi Pango

Les festivités autour

La fête de génération de Moossou a son aspect traditionnel particulièrement mis en avant au contraire d’autres rendez-vous dit culturels ayant pris une allure de festival. Cependant, il y a des festivités qui maintiennent en éveil la population, la rassemble et la divertissent. Des concours culinaires pour les femmes, des jeux éducatifs pour les enfants, un village d’animation Bock, des espaces de restaurations meublent Moossou.

Une participante au concours culinaire qui présente un met local : Le Ngbota.
Photo : Pimi Pango
Categories: Société

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