Le griot ou djeli, djéli ou encore jali, est une personne qui officie en tant que communicateur traditionnel en Afrique de l’Ouest. Ce n’est pas sa seule fonction car dans la région, le rôle du griot va encore plus loin.
Par Karim Dagnogo
Dépositaires de la tradition orale, les griots sont le pont entre les générations. Ils nous racontent les actes héroïques de nos ancêtres, ils font l’éloge de notre caste et nous rappellent toujours ce que nous sommes, d’où nous venons. Et tout ceci à travers l’oralité.
« […] nous sommes les sacs qui renferment des secrets plusieurs fois séculaires. L’art de parler n’a pas de secret pour nous, sans nous les noms des rois tomberaient dans l’oubli ; nous sommes la mémoire des hommes ; par la parole nous donnons vie aux faits et gestes des rois devant les jeunes générations. » Introduction Soundiata Keita, l’épopée Mandingue. Djibril Tamsir Niane.
Les griots ont le pouvoir de raconter le passé et nous projeter dans le futur. C’est une tâche honorable que les griots aiment exécuter en toute modestie, parce que le but pour eux c’est de servir les nobles (« Onron » en Malinke ou Bambara). Les griots étaient parfaitement organisés, ils avaient tous une famille a accompagné. Rien n’était fait aux hasard.
L’organisation sociale des griots
Chaque famille de griots accompagne une famille de rois-guerriers nommés diatigui. Il n’est pas de griot sans diatigui, il n’est pas de diatigui sans djéli, les deux sont indissociables et l’un ne vaut rien sans l’autre. Toutefois, le diatigui peut accepter de « prêter » son djéli à un autre diatigui ».
Les familles griotiques peuvent être spécialisées en histoire du pays, en généalogie, en art oratoire, en pratique musicale, ou pratiquer les trois, en fonction de l’habileté de chaque griot.
Le griot à l’épreuve des temps modernes
Aujourd’hui, nous voyons de moins en moins de griot purement traditionnel. Le griotisme est devenu un business. Les griots ou griottes font l’éloge des personnalités publiques ou politiques.
Les griots sont maintenant au rang de simple musiciens qui demandent de l’argent. C’est une réalité, nous le constatons dans les cérémonies de mariage et de baptême. Toutefois ce n’est pas une si mauvaise chose, parce que cela permet aux griots et griottes d’avoir de quoi à « manger ». Par contre ce qui est un peu alarmant, c’est la tournure que cela prend.
Rien n’est fait dans les règles de la tradition. Tout le monde prétend être un griot ou une griotte. Si vous allez dans les pays comme le Mali, la Guinée, le Sénégal ou le burkina, il y a des familles qui sont reconnu comme des griots. Ce sont des familles telles que les Kouyaté, Keita, Koïta et bien d’autres.
Autrefois gardien et garant de l’histoire des peuples et des traditions, les griots sont considérés aujourd’hui comme des chanteurs. Ils n’ont presque plus la même valeur qu’ils avaient il y a bien longtemps.