Issa Samb dit Joe Ouakam, Ousmane Sembène, et Ousmane Sow, étaient tous de grands artistes ! L’un Ousmane Sembène qui est mort il y a 10 ans, était connu comme l’un des pionniers du 7e art africain. L’autre, Ousmane Sow décédé le 1er décembre 2016, est connu partout dans le monde pour ses grands œuvres sculpturales. Chez le dernier dont la mort est plus récente, 25 avril 2017, tous les arts se confondaient. Sculpteur, peintre, écrivain, acteur, dramaturge, Joe Ouakam agitait l’art dans son labo Agit’art ! La nation sénégalaise leur a rendu de grands hommages. Culturiche vous rapporte des illustrations de reconnaissance.
Par Coralie
L’hommage du président Macky Sall à Issa Samb Joe Ouakam
Pour la première fois depuis qu’il est élu à la tête du pays, Macky Sall a déplacé le conseil des ministres qui se tient chaque mercredi à 10 h, pour assister à la levée du corps de Joe Ouakam qu’il considère comme l’homme qui organisait sa vie comme une œuvre d’art. «Joe Ouakam nous quitte au moment où nous avons plus besoin de lui, de sa présence rebelle, de sa parole étonnante toujours emplie de sens et de douceurs, de ses colères justes et de ses valeurs sublimes de générosité et de solidarité. Un homme dont la vie était toujours vouée à la création».
A côté de l’hommage du président Macky Sall, la grande figure de l’art sénégalaise en a reçu d’autres de la part de sénégalais lambda, d’acteurs culturels et journalistes. Dans ce dernier lot, Fatou Sène, journaliste à l’Agence de presse sénégalaise, se souvient de l’homme multidimensionnel qu’était Issa Samb Joe Ouakam. « Tout le monde connait déjà l’artiste Joe Ouakam qui a fini de faire ses preuves dans le domaine des arts à travers son laboratoire Agit’art. Mais je veux surtout parler de l’homme dans sa dimension humaniste. A chaque fois qu’il me parlait je me sentais, comme un privilégié par ce qu’il n’a jamais était facile de l’aborder. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté » dira la journaliste.
Assis dans son musée à ciel ouvert (labo Agit’art), Joe livrait un autre combat pour garder son laboratoire qui était un véritable lieu de création, d’agitation, de gestation mythique. Situé sur la rue Jules ferry, en plein cœur de la capitale sénégalaise, ce labo attirait artistes, intellectuels, et penseurs du monde entier. Il préparait d’ailleurs au courant du mois de mai une exposition à laquelle il n’assistera malheureusement pas. A sa mort, un Hastag saveagitart a été spécialement créé pour sauver son laboratoire Agit’art et en faire un patrimoine pour éviter que l’endroit soit livré aux businessmen qui veulent construire des immeubles.
L’hommage de Moussa Sène Absa Ousmane Sembène
Au moment où Dakar pleurait la perte de Joe Ouakam, la section sénégalaise de la Communauté Africaine de Culture (Cacsen) lançait les activités de commémoration des 10 ans de la disparition de l’écrivain-cinéaste Ousmane Sembène.
Présent à cette rencontre, Moussa Sène Absa a tenu ces propos à l’endroit du pionnier du cinéma africain : «De Sembène on retient le grand romancier qui a écrit de belles œuvres comme le Docker noir, les Bouts de bois de Dieu, O pays mon beau peuple, Voltaïque, L’Harmattan… le résistant qui s’est battu contre toute forme d’injustice, et le cinéaste. Le grand cinéaste auteur de Borom Sarette, Mandat bi, Xala, Camp Thiaroye, Fatt Kiné, Moolaade, Guelwar… »
En matière de cinéma, l’auteur de Madame Brouette note que Ousmane Sembène était une référence mondiale et retient de l’homme, un être sans compromission, têtu, lunatique parfois : «Ousmane Sembène était un être entier. Je dirai pour paraphraser Aimé Césaire qu’il était un négre fondamental ». Poursuivant ces propos, Moussa Sène Absa, nous apprend que Sembène était l’un des cinéastes les plus panafricains au sens où il se définissait comme un Africain et non comme un Sénégalais. « De Borom Sarette à Molaade, toute son œuvre cinématographique est parcourue par sa vision programmatique et son esprit habité par ces monstres. Ces monstres que sont la colonisation, la domination et l’injustice » renchérit-il. Résumant Sembène comme le cinéaste de la confrontation par excellence.
L’hommage de Béatrice Soulé à Ousmane Sow
Au nombre des géants de l’art africain, on retrouvait aussi le nom de Ousmane Sow, qui lui se confrontait a ses sculptures. Décédé le 1er décembre 2016, Ousmane Sow a vu son œuvre et son travail magnifiés à travers l’exposition que Béatrice Soulé a organisé à son honneur au Centre culturel Joseph Ndiaye de Gorée.
Une exposition de photos et de vidéos dans lesquelles on retrouvait près de 20 ans de créations artistiques du sculpteur : depuis la production de la mythique exposition du Pont des Arts, avec les Séries africains Little Big Horn, Victor Hugo… jusqu’aux plus récents.
A travers cette exposition le public était comme immergé dans l’intimité de l’atelier du chiné-sculpteur !