Il y a des films qui divertissent. D’autres qui enseignent. Et puis, il y a ceux qui réveillent quelque chose d’enfoui en nous, qui nous questionne après le générique de fin. Kids See Ghosts, le court métrage de Daniel Thalmas, pourrait bien être cette dernière catégorie.
Nous avons vu le générique. Nous avons eu le propos.

Dès les premières images, on est interpellés par l’atmosphère. Une voix murmure une histoire, comme une berceuse hypnotique. Celle d’un enfant, Jayden, écoutant sa grand-mère lui conter un récit où les fantômes ne sont pas ceux que l’on croit.
Des blessures d’enfance qui nous suivent toute une vie
C’est de moins en moins un tabou bien que toujours délicat : La question des traumatismes, des chocs émotionnels dans l’enfance, est peu considérée au sein des familles afro-descendantes. Ces traumatismes transmis en silence, des douleurs qu’on n’ose pas nommer, mais qui continuent d’exister, tapis dans l’ombre, grandissent sournoisement avec nous.
C’est ce que ce film de 11 minutes met en lumière. Kids See Ghosts ne se contente pas de raconter une histoire : il en relate 4 histoires interconnectées qui traduisent à la fois la complexité et la banalité avec laquelle l’enfant porte des fardeaux invisibles sous lesquels finit par fléchir l’adulte (qui acquiert la conscience et a perdu l’innocence).
Le poids d’une famille brisée, la brutalité de la rue, le rejet lié à la couleur de peau, les séquelles laissées par l’histoire coloniale et les conflits… Autant de cicatrices que l’on pense refermées, mais qui continuent d’imprégner nos réalités, se transmettant comme un héritage silencieux de génération en génération.
Dans une scène clé du générique que nous avons regardé en suivant les moindres détails, nous remarquons que les traumatismes prennent vie. Littéralement. À travers des ombres qui grandissent derrière les personnages, comme des monstres silencieux. Elles ne crient pas, elles ne courent pas, mais elles sont là, collées à eux, inséparables. Un rappel brutal que ce qu’on cache sous le tapis finit toujours par nous rattraper.
Tout le monde lutte contre ses propres démons, mais personne ne veut demander de l’aide. Certains essaient d’être là pour toi, d’autres non—parce qu’ils galèrent eux aussi, ne savent pas comment faire, ou préfèrent juste ne pas s’en mêler. Daniel Thalmas
Daniel Thalmas : Explorer l’humain à travers l’art
Dans son propre parcours, Daniel Thalmas, également connu sous le nom de Dany ou The Kid From Treichville, a toujours cherché à utiliser l’art comme une forme de thérapie sociale, une invitation à réfléchir sur l’humain et le monde qui nous entoure.
En tant qu’artiste, réalisateur et directeur artistique, il crée un art introspectif, né de son désir de créer ce qu’il aurait aimé consommer lorsqu’il était plus jeune. Cet engagement se manifeste dans ses projets, dont sa première exposition solo en 2023, « Fake. », et son court métrage « Kids See Ghosts » qui sera projeté le 28 mars 2025 au Cinéma Pathé à Abidjan.