La Côte d’Ivoire pourrait bien avoir trouvé son détective colombo en le personnage du Commissaire Kouamé, nouvel héros de bande dessinée. Il est à l’extrême opposé des précédents personnages de l’auteure ivoirienne Marguerite Abouet, qui collabore sur ce projet, avec le dessinateur Donatien Mary.
Nous avons lu avec beaucoup d’enthousiasme, dans le rythme effréné qu’il nous imposait, “Commissaire Kouamé – un si joli jardin” .
Par Orphelie Thalmas
A Abidjan, le grand commissaire Marius Kouamé doit résoudre en toute urgence un meurtre. La victime est quelqu’un de très important. Accompagné d’Arsène, son fidèle adjoint, il traque les suspects en tout genre, et ne s’impose aucune limite.
Dans un ‘Abidjan risqué”
Le ton est donné dès la première de couverture. Voiture lancée à vive allure , sirène allumée, les personnes sur le chemin du Commissaire n’ont qu’à bien se tenir.
Les premières pages suivent le mouvement. Une situation alarmante est annoncée par un “officiel”. Abidjan croule sous le banditisme. Le commissaire Marius Kouamé est appelé à la rescousse. Il est l’homme de la situation.
La première affaire qui lui est confiée – et dont il se saisit à la vérité – est spéciale. Les raisons sont à la fois politiques et personnelles.
Marguérite Abouet est directe. Tout va très vite. Nous ne sommes plus dans l’environnement insouciant et jovial de “Aya de Yopougon”, personnage iconique qui a fait l’objet de six (6) tomes et d’un film d’animation. D’ailleurs le commissaire Kouamé n’a rien à voir avec une gentille et raisonnable adolescente.
Un personnage excessif
La trame de cette première affaire s’appuie en grande partie sur le héros. Avec son caractère appuyé, il occupe l’histoire de tout son charisme. A ce niveau, Donation Mary a assuré. Il a réussi à dessiner des traits, des mouvements, des expressions faciales, qui prononcent l’aura du Commissaire.
Perspicace, et focus sur son enquête, il est dur et se fiche des sensibilités. En quête d’indices, il n’admet pas l’impasse et repousse les limites. Tortures, fusillades, intimidations, Commissaire Kouamé correspond à des lecteurs adultes.
Sans tabou
En effet, Marguerite Abouet rompt avec l’univers de la petite Akissi et de la jeune Aya. Ici on parle de sexe. Rien de trash, mais de l’explicite tout de même. Hôtel de passe, maison clause, quartier général de voleurs et meurtriers sont les lieux qu’investissent le commissaire et son fidèle adjoint Arsène.
Sur fond d’humour satirique, des questions sensibles et d’actualité sont évoquées subtilement mais avec efficacité : Féminisme, Homosexualité, rapport noir et blanc.
Et puis il y a aussi cette sorte de sous-entendu, ce rappel de l’attaque terroriste de 2016 à Grand-Bassam. Nous ne l’affirmons pas. Mais nous soupçonnons une influence dans ce bref passage. Les problèmes de réactivité de la police et l’insuffisance de ressources, la mauvaise foi des décideurs, la tolérance des populations pauvres et la fermeture d’esprit de l’élite… autant de points qui font du premier tome de Commissaire Kouamé, un acte engagé.
Un si joli jardin – le titre du tome – prend tout son sens quand l’affaire est enfin résolue. C’est un polar plein de rebondissements. Il n’empêche que le tout dernier tableau, ouverture sur le très probable deuxième tome était quelque peu prévisible. Un détail au final qui n’enlève en rien la tension qui sous -tend les 99 pages de la bande dessinée.
N’hésitez pas à vous faire un avis en vous procurant le livre à Abidjan, dans les librairies de France et FNAC au prix de 5200 Francs CFA.
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Commissaire Kouamé : Une première affaire sous pression