On pourrait le dire : C’est l’année de Tatou Dembélé. Prix du meilleur site de promotion du tourisme ivoirien lors des Jumia travel Awards, prix de l’influenceur foodie avec les Adicom days, elle se distingue en divers domaines. Mais la jeune femme n’en est pas à ses premières distinctions. Alors au Canada où elle étudiait, Tatou a souvent représenté la Côte d’Ivoire en tant qu’entrepreneure mais aussi artiste. C’est ce dernier profil qui nous intéresse ici. En effet depuis son retour définitif dans son pays d’origine, elle a eu le temps de déployer son savoir-faire d’entrepreneure dans la gastronomie et le digital.
Alors qu’elle évoquait vouloir présenter son art en Côte d’Ivoire, elle est invitée par le festival Lili women. Elle exposera dès le 22 juin au Goethe Institut. C’est sa première exposition à Abidjan.
Par David Dolégbé
- Vous faites la peinture depuis votre tendre enfance, d’où vient cette vocation ?
J’ai très souvent vu maman peindre dans son atelier. Sa spécialité c’était les paysages. Quand j’étais plus jeune, j’adorais dessiner effectivement et je gribouillais toujours ses documents. J’étais toujours impressionnée par son atelier, par ses toiles, mais c’est seulement pendant mes années universitaires que j’ai commencé à peindre sérieusement, que j’y ai trouvé un vrai moyen d’expression.
- Quel qualificatif utiliseriez-vous pour décrire votre style de peinture ?
À vrai dire je ne sais pas, ou pour être plus précise, je trouve cela un peu prétentieux que de vouloir qualifier mon travail ou même de dire que j’ai un style particulier. Les sensibilités et les interprétations sont vastes. On m’a souvent dit que mes peintures ont quelque chose d’apaisant, tout comme on m’a dit qu’elles sont vives et dynamisantes. Le plus important au final ce n’est pas ce que je pense, c’est l’émotion qui est communiquée et la façon dont elle est perçue.
- Il y a une telle précision dans votre travail artistique, avez-vous toujours rêvé d’être une artiste reconnue ?
Voilà qui est flatteur ! A dire vrai, non ! Je ne l’ai pas vraiment rêvé et je pense que j’ai encore beaucoup à faire, même en terme de technicité, de façon à être encore plus précise dans mes coups de pinceaux. Seulement voilà, je ne suis pas une technicienne de l’art ! Je m’exprime, sans règles ni pression! C’est justement ce qui m’a emmenée où je suis présentement. Je n’essaye pas de “faire comme”. Je fais ce que je veux, quand je veux, avec les matières que je veux, et où je veux ! Il n’y a rien de tel que de rester soi-même.
- Votre art vous a permis des célébrités. Que retenez-vous de cette expérience ?
Comme vous et moi, ce sont des personnes formidables ! Ce sont des personnes qui sont passionnées, dynamiques et qui portent une attention particulière à ce que représente l’art. En réalité, pour les personnes que j’ai pu rencontrer, je peux me permettre de dire que ce sont surtout des personnes très simples! Je pense notamment à Didier Drogba ou encore à Iyanya ! Il faut le dire: de la jeune étudiante lambda, je suis devenue ce nom que beaucoup estiment, grâce entre autres aux rencontres de qualité que j’ai pu faire. Une fois de plus, en toutes choses, il faut toujours rester soi-même.
- Il existe une forte inspiration féminine dans votre travail. Quel est le message derrière ces portraits et courbes de jeune fille dans vos peintures ?
Il n’y a que cela. Nous sommes dans un monde de brutes. Un peu de douceur ne fait pas de mal non (rires) ? La jeune femme selon ma sensibilité est de nature attachante, compatissante, douce. Elle est amenée à porter l’humanité toute entière en son sein. Elle est donc une grande bénédiction. C’est pourtant elle qui est trop souvent abusée, trompée, bafouée. Tant elle est noble, son cœur reste pur, et elle pardonne, encore et encore. C’est pourquoi je la peins. Je suis admirative de la grandeur d’esprit de ces femmes et jeunes filles vertueuses qui m’entourent, qui ont trop souvent été lésés mais qui restent des rayons de soleil. C’est ma façon à moi de leur dire: “Hey, prenez soin de vous. Tout ira bien!”
- Comment arrivez-vous à vous investir dans l’art et Ivorian food dans le même temps ?
Je suis un bourreau de travail et en plus, j’aime ce que je fais. Je suis toujours à 100% dans ce que je fais. Je vais au bout de mes initiatives. Je fonctionne néanmoins projets par projets. IvorianFood est aujourd’hui une entreprise et se doit d’être structurée telle quelle. Chaque membre de l’équipe à un rôle bien précis et tant que chacun fait sa part des choses et prend ses responsabilités, tout roule !
- Parlons de votre actualité, vous exposerez lors du Lili Women festival. On pourrait avoir un avant-goût en exclu ?
Je ne dirais rien (rires) ! Tout ce que je peux avancer, c’est que l’événement sera un délice, une explosion de couleurs !
- C’est votre première exposition à Abidjan après celles au Canada, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Effectivement, j’ai exposé plusieurs fois au Canada et c’est une première à Abidjan. Cela me permettra de comprendre comment réagissent ici les personnes face à mes toiles. Notons qu’il ne s’agit pas d’une exposition solo, comme je l’ai toujours fait. Je pense justement que pour une première, c’est bon de se sentir entouré. C’est en fonction ce que je retiendrai de cette première expérience ici que j’organiserai mon exposition solo à Abidjan, si Dieu le veut.
- Que pouvez-vous dire à celles qui doutent encore et qui se sentent bloquées par des stéréotypes ?
Il y a ce que nous avons, ce que nous ressentons en nous, puis, il y a ce qui est extérieur à nous. Certains sont plus à l’écoute du fort intérieur. D’autres se soumettent plus aisément à des dictons dont eux même ignorent le bien-fondé. Autant il est vital de toujours rester à l’écoute de son cœur, autant il faut éviter de déclencher des situations intenables dans son environnement! Tout est une question de maturité, de capacité, de démarche et de volonté, saupoudré de beaucoup de stratégie. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut voir les choses telles qu’elles sont et apprendre à naviguer avec stratégie. Un talent, sans stratégie, c’est du gâchis. Quelle est votre stratégie? Lancez-vous! Mais préparez bien le terrain à l’avance.