Les masques traditionnels jouent un rôle prépondérant dans l’organisation sociale et coutumière de la Côte d’Ivoire. Avec cette pluralité ethnique, on note de nombreux masques, différents les uns des autres, du fait de leur signification et de leur impact dans la tradition.
Si certains sont plutôt méconnus, d’autres par contre ont réussi à étendre leur notoriété au-delà des frontières du pays. Qui sont-ils ?
Par David Dolegbe
Le masque cubiste, masque Krou
Même si leur origine est remplie d’incohérence et de divergence, quelques sources s’accordent à dire que ces masques à la forme cubiste proviennent de la région côtière de la Côte d’Ivoire. Nous faisons donc allusion aux Kroumens, Godiè, Bakwé, Alladian ou encore aux Ne-Yo.
Le masque Krou est l’un des rares masques ivoiriens à avoir survécu à de nombreux tumultes.
Fortement apprécié à l’époque de l’indépendance, les masques dansaient chaque dimanche : c’étaient des masques de divertissement.
Ils ont malheureusement presque disparus de la région; suite à plusieurs déportations et persécutions dont celle de William Wade Harris, fondateur de l’Eglise Harris. Quelques-uns ont été protégés grâce à un chef de famille du nom de Lakpa Étienne, conscient de l’héritage qu’ils représentent.
Aujourd’hui, certains d’entre eux sont exposés au musée africain de Lyon et d’autres reviennent aux grands conservateurs et collectionneurs d’œuvres d’art.
On apprend que Pablo Picasso aurait détenu un masque Krou qui l’aurait inspiré dans la création de l’œuvre «cubiste avant l’heure ». Comme l’illustre l’image ci-dessus.
Le Goli, masque Baoulé
Il est facile de reconnaître le Goli grâce à sa tête de buffle ou de crocodile et sa cape d’antilope qui survole un amas de feuilles de palmier séchées qui fait office de costume.
C’est un masque qui ne sort que pour les grandes occasions et les moments de réjouissance en pays baoulé, c’est d’ailleurs ce qu’il représente. Vous l’avez sûrement aperçu dans son numéro sur la place publique lors des festivités de paquinou dans le V Baoulé.
Sinon, il est originaire du peuple Gouro qui avait l’une de ses tribus dans la localité de Bouaké avant l’arrivée des baoulés. Ces derniers ont dû se l’approprier vu qu’ils n’étaient pas au départ des adeptes de sculpture.
Le Wambêlê, masque Sénoufo
Le wambêlê est le masque représenté sur le logo de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody. Il en est le symbole.
Le Wambêlê arbore fièrement le point local de l’établissement lorsque vous vous dirigez à la présidence, avec une statue en son honneur.
Appelé communément « wanioug» c’est l’un des grands masques du peuple sénoufo.
Le Wambêlê est spécial et mystérieux. Il est composé de deux faces opposées faisant sortir de la fumée. Les sages admettent qu’il signifie le bien qui affronte le mal ou le passé et le présent qui constituent l’avenir d’un individu.
Pour les femmes, pas question de voir le Wambêlê; concession faite aux plus âgées. Ainsi, les plus téméraires s’expose à la stérilité, la ménopause précoce et bien pire, la mort.
Guehe dro, masque Yacouba
Il est surnommé « le géant des montagnes ». En effet en Yacouba, langue de la Côte D’Ivoire dont il est originaire, « Gué gblin » signifie masque long.
Posé sur des échasses de plusieurs mètres de long le Gué Gblin détient deux pouvoirs, selon la tradition : un pouvoir spirituel et un autre surnaturel. Ces deux pouvoirs associés lui permettent de communiquer avec les génies.
Aussi, seuls les initiés sont habilités à revêtir ce masque. Et ce, suite à un passage initiatique qui se veut secret.
La taille de ce masque ne l’empêche pas néanmoins d’exécuter vigoureusement des acrobaties à la stupéfaction du public et surtout des touristes de passage dans la région montagneuse de la Côte d’Ivoire. C’est la grande attraction !
Le Zaouli, masque Gouro
Depuis son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco, l’influence du masque Zaouli ne cesse de persister et de progresser au point de le voir dans presque toutes les cérémonies traditionnelles et officielles. C’est d’ailleurs l’une des grandes fiertés culturelles de la Côte d’Ivoire.
Le Zaouli incarne la beauté féminine et la cohésion sociale. Chez les Gourou, ce masque sort dans presque tous les évènements qui rassemblent le village. Dans le bonheur comme dans le malheur lors des funérailles.
L’inspiration la plus valorisante sur le Zaouli reste celle de la créatrice de mode Loza Maléombho avec sa collection “Zaouli” sorti en 2016.