Premier long métrage de la réalisatrice franco-marocaine Houda Benyamina, « Divines » est exactement le genre de film qu’on regarde avec l’esprit plus qu’avec les yeux. Peut-être même le genre de film qu’il faut regarder plusieurs fois avant de le comprendre réellement. Moi j’en ai eu besoin.
Par Fatim Diaby
Au Premier visionnage, sur fond de musique classique, je suis l’histoire de Dounia, une adolescente qui vit dans un camp de Roms à Paris avec une mère alcoolique, et qui a la rage d’être riche. Alors elle claque la porte à l’école. Avec sa meilleure amie Maimouna, elle intègre le gang de Rebecca, pour qui se prostituer en Thaïlande est un plan de carrière qu’on défend en plein air. Entre Violence, drogue, et sexe, le décor est planté pour regarder Dounia et Maimouna se bruler les ailes, à vouloir toucher le ciel.
J’accueille alors « Divines » comme le témoignage d’une jeunesse fougueuse qui cherche des échappatoires à sa misère et qui se crée ses propres codes, parce qu’elle estime que la société qui veut lui imposer les siennes, est incapable de lui offrir ce qu’elle mérite. Tous les personnages qui incarnent cette jeunesse ont une force de caractère qui fait penser à des étalons sauvages, qui n’ont pas besoin d’être dressés, mais qui ont plutôt besoin qu’on les aide à canaliser leur énergie.
Au deuxième visionnage, il y’a un détail qui me frappe tout de suite: Ce film qui dépeint la dépravation commence par la récitation de la Fatiha. Et jusqu’à la fin, la spiritualité côtoie le trafic de drogue d’une façon que je ne comprends pas. C’est très troublant, mais ça donne tout de suite de la profondeur au film. Mon trouble est sans doute dû au fait que je n’ai pas réussi à rattacher cette spiritualité aux deux personnages dont on suit les péripéties. J’ai trouvé Dounia et Maimouna magnifiquement fortes, mais de là à les trouver divines…Bon, je devrais peut être regarder une troisième fois !
En tous cas, Le long métrage a assez d’arguments artistiques pour me pousser à le faire : L’histoire est racontée sans fioritures ni faux-fuyant, mais avec un style artistique bien travaillé ; Il y’a un mélange d’humour candide et de noirceur que je ne pensais pas retrouver dans un même film ; mais c’est surtout la première fois que je vois des acteurs jouer avec autant de naturel.
On comprend aisément pourquoi « Divines » glane les prix depuis sa sortie en Aout 2016 : Caméra d’Or au festival de Cannes 2016 ; Nommé sept fois aux Césars 2017, il repart avec les prix du Meilleur premier film pour la réalisatrice, du Meilleur espoir féminin pour l’actrice principale Oulaya Amamra (dans le rôle de Dounia) et du Meilleur second rôle pour celle qui a joué le personnage de Maimouna, Déborah Lukumuena .
Crédits photo : Les Inrocks ; le Groupe ouest ; Allociné.fr ; le Parisien.fr ; le Journal des Femmes.