Dans ses articles ou vidéos aux allures « fun», Tchonté Mireille Silué raconte le paysage culturel africain mais surtout, son amour incandescent pour le livre. On y découvre son attachement au Sénoufo, sa langue maternelle, et son vibrant désir de partage. Portrait d’une exploratrice culturelle, entre San Francisco et Abidjan.
Les chroniques de Tchonté. Illustration : Tatou Dembélé
Le voyage du livre démarre bien assez tôt pour Mireille. Elle n’a que huit hivernages lors de son premier coup de foudre avec un bouquin. Il s’agit de « Les erreurs de maman » de Jossellin Kalla, un roman que sa mère reçoit à l’époque des mains de la sœur aînée de Tchonté. Premiers pas faits à bord du navire littéraire.
Mireille continue son aventure jusqu’à ce qu’elle découvre le blogging en 2012 « grâce au blog de son amie Nadège Cakpo et à celui de l’écrivaine et blogueuse ivoirienne Yenhi Djidji », confie-t-elle. Sur son premier blog Méli-Mélo d’une Intélo, elle écrit des nouvelles puis sa thématique s’enrichit. En plus des nouvelles, Mireille décide d’écrire sur les livres qu’elle lit, de partager ses trouvailles et aussi ses prises d’opinions.
« Découvrir, voir ses propres imperfections, les accepter et apprendre à les aimer pour ce qu’elles sont. Les siennes. » Tchonté
Depuis le blog Méli-Mélo et ses 46 000 pages vues, le navire de Tchonté a parcouru du chemin, traversant les hémisphères. D’Abidjan à San Francisco en passant par Londres, etc. Son besoin de partage est grandissant et ses canaux de diffusion aussi. Mireille créé dans la foulée un second blog, AyeLive, qui au départ ne sert qu’à accueillir ses chroniques en Anglais, puis finalement en deux langues dont le Français. En 2016, le format billet de blog ne suffit plus, la chroniqueuse passe aussi en vidéo et ouvre, dans la même veine, son troisième blog : Les chroniques de Tchonté.
Même si sa soif de partage est toujours aussi vive, Mireille éprouve le besoin redécouvrir sa culture, de réapprendre le Sénoufo, sa langue maternelle. Août 2016, Les Chroniques Tchonté n’accueillent plus uniquement des livres. On y enseigne aussi le Sénoufo.
Renouer avec ma langue maternelle
2 minutes et 30 secondes. C’est la moyenne des récentes capsules vidéos de Mireille. Dans ces courts enregistrements, elle partage, avec enthousiasme, le fruit de son retour aux origines : des leçons d’apprentissage de la langue Sénoufo.
Ces vidéos semblent appréciées des internautes qui y répondent favorablement et n’hésitent pas à le signifier dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Toutefois, pour Mireille, ces leçons viennent avant tout combler un fossé en elle. Le but de cette immersion en terre Sénoufo est de renouer avec sa langue, sa culture.
« J’ai pris conscience que je connaissais peu de choses de ma culture en commençant par ma langue maternelle. Donc les cours de langue, c’est avant tout pour moi même. »
La nouvelle aventure de Mireille semble passionner son entourage immédiat qui se prête aussi au jeu. Quand sa mère fait office d’enseignante dans les vidéos, des amis comme Nahoua de San Francisco ou Wondia de Los Angeles, n’hésitent pas à enfiler la combinaison d’apprenant.
La flamme d’aider les autres
Partager l’amour du livre ou la richesse de la culture Sénoufo ne sont que des escales pour l’exploratrice, des ersatzs de sa motivation intrinsèque. Le mobile de Tchonté l’exploratrice semble simple: aider les autres, en leur partageant le fruit de ses recherches. Elle s’en rend compte en 2013, des années avant l’époque des chroniques. Mireille poursuit alors un Bachelor en Finance à Georgia State University à Atlanta.
« Lorsque j’ai commencé à prendre mes cours de finance à proprement dit je n’ai pas senti de flamme. J’avais de bonnes notes mais je ne me voyais pas poursuivre une carrière en finance sur le long terme. Dans le même temps j’ai eu l’occasion de faire du bénévolat à l’université avec Habitat for Humanity et d’autres organisations. Ça m’a donné envie de faire un travail où je pourrais aider les autres. »
Mireille se spécialise deux ans plus tard dans le domaine social. Celle qui se définit comme « une rêveuse qui agit », fait un Master en Entrepreneuriat Social à Hult International Business School qu’elle achève au cours de l’été 2016. C’est quelques mois plus tard qu’elle amorcera le capte du retour vers la Côte d’Ivoire.
Rentrée avec la tête pleine d’aventures et de rêves. L’exploratrice ambitionne améliorer l’éducation ivoirienne. Elle « rêve d’une éducation pratique qui transmettra des valeurs de patriotisme, d’engagement dans la communauté, de self-confidence et de changements ».