Je ne sais pas s’il le lira. J’ignore si Monsieur Aïhou lira cet article. Je l’écris peut être dans le cadre du concours que lance MTN Côte d’Ivoire en vue de la promotion de la profession d’enseignant mais également de la scolarisation, mais c’est une belle occasion pour moi. L’idée est de partager une expérience importante dans notre vie, une expérience qu’a favorisé cette rencontre avec un professeur. Personnellement j’aime lire les histoires vécues et je me ravis déjà d’en lire des tonnes. Je partage la mienne ici, hors concours. Laissez moi donc vous parler de Monsieur AÏHOU.
Monsieur Aïhou a été mon professeur de Français en classe de seconde au Collège Catholique Saint Jean Bosco à Treichville. Ça ferait peut être niais de l’admettre, mais il me vient une grande émotion au fur et à mesure que les souvenirs remontent.
Au delà du concours, vous partagerez peut être une leçon de vie, un leitmotiv, un espoir.
J’arrivais tout nouvellement dans le collège. J’arrivais du Lycée moderne, un Lycée public. Le premier jour déjà des présentations, je créai des rires moqueurs, des démonstrations de mépris à peine voilées. Pour ceux qui s’y adonnaient, cela relevait plus d’un esprit grégaire que d’une méchanceté voulue. Il fallait intimider le mieux possible la nouvelle paumée, à coté de la plaque, pas raffinée, et qui s’exprimait gaillardement « comme une blanche ».
Ne nous mentons pas, je n’étais pas fameuse avec mes airs de garçon manqué. Mais j’étais si enthousiaste, rieuse et aussi paradoxal que cela puisse paraître, j’étais tout de même plébiscitée. Quoique j’étais parfois choquée par ces moments ou mes bourreaux se rappelait du souffre-douleur que je pouvais être pour eux. Je me refusais à retourner dans cette classe certains jours, inventant toutes les astuces possibles. Et puis chaque matin je m’y retrouvais au final. Tout était possible.. Je devais me préparer psychologiquement à une nouvelle attaque. Mais je ne serai pas ingrate. J’ai aussi eu les meilleures amis qui soient jusqu’à ce jour. A la fin du premier trimestre je finissais 9ème. Monsieur Aihou, un après midi où les cours s’achevaient, m’approcha.
Monsieur Aïhou était un homme strict inspirant un sentiment partagé: du respect mêlé à de la crainte. C’était un homme qui ne faisait pas ses années vécues. Quand il souriait, c’était à ses propres blagues ou à nos réponses ridicules. Il ne nous apprenait pas que le Français. Il nous faisait l’histoire. Sa science était riche et son soucis de la partager, grand. Nous étions fascinés par sa connaissance. Mon professeur de Français m’avais donc approchée. Il voulait revenir sur mon premier trimestre. Il n’était pas de ces profs qui se contentent de vous donner le cours. Il observait et voyait mon mal être. Ce fut bref: « Ne laisse personne décider pour toi. Tu peux faire mieux que ça. Tu dois faire mieux. Sois courageuse et arrête de laisser la bêtise des autres entamer tes capacités » J’en garde un souvenir assez frais. C’était la substance de notre échange. Ça a suffit pour que je sois la première de classe le trimestre suivant, et primée pour toute mon année de seconde. Jusqu’en terminale je peux dire avec conviction qu’aucun de mes amis de classe, de mes professeurs, ou de mes éducateurs n’oublieront cette fille pleine de vie, d’initiative, d’assurance que j’ai été. J’ai adoré mes années lycée. Merci Monsieur Aïhou.
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