Membre fondateur du VOHOU-VOHOU (on le surnomme le « sorcier du vohou-vohou), ce mouvement qui, au début des années 80, a donné une impulsion remarquable à la création plastique locale en exploitant le collage et les objets recyclés, rompant ainsi avec les traditions. Ancien étudiant de l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris (1976)  Maître Youssouf BATH est né en 1949 à Dabou en Côte d’Ivoire. Artiste en résidence en 1992 à l’Université de Géorgie-Atlanta aux Etats-Unis, il vit et travaille à Dabou. Dans le cadre de la sixième édition des GUYZAGN doté du Grand Prix Guy Nairay de l’édition 2016 il nous a accordé cet entretien au dernier jour de l’étape de la performance, qui ont eu lieu du 18 au 23 janvier sur les bords de la lagune Ebrié, en prélude au diner-gala du 29 janvier où sera révélé les lauréats.
Maitre Youssouf Bath (à droite en chemise pagne) en conversation avec Thierry Dia, Directeur de la Galerie Houkami Guyzagn et initiateur des Prix Guyzagn
 
Bonjour Maitre Youssof Bath, s’il vous plait veuillez vous pr��sentez pour nos lecteurs en référence avec vos occupations dans le cadre des Guyzagn 2016 ?
Je suis Youssouf Bath. Artiste-peintre et président du jury du concours des Guyzagn 2016 organisé par la Galerie Houkami Guyzagn.
 
Quels sont vos sentiments généraux quant  à la sixième édition des Prix Guyzagn  ?
 
A mon humble avis cette édition 2016 est la meilleure parce que les artistes qui ont été sélectionnés ont produit de très belles œuvres. Surtout les peintres qui constituent le plus grand nombre de participants. Dans ce cadre on a été contraint de choisir neuf (9) personnes. Les autres ont été éliminé non pas parce qu’ils étaient mauvais mais on avait des contraintes techniques. Cependant je n’ai pas été très satisfait dans la catégorie de la photographie. Parce que, personnellement, ce qui a été présenté n’était pas à la hauteur de mes attentes. Mais en sculpture il y de belles œuvres. Relativement au sujet qu’on a donné comment faire la promotion du cacao il faut reconnaître que ce n’est pas évident rapporté à la création artistique. Même en sculpture cela n’est pas du tout facile. Il faut vraiment avoir de l’imagination pour sortir une œuvre originale et convaincante.  Nous leur avons dit qu’il ne s’agissait pas de reproduire de images qu’ils ont vu mais plutôt réfléchir sur son intériorité, sur ses émotions et produire une œuvre inédite et qu’on soit sensible en la regardant.
 
Cette l’innovation qui a été apporté est l’ouverture des Guyzagn à des artistes étrangers précisément du Burkina Faso. Nous sommes à l’étape de la performance. Quel est votre perception sur cette ouverture du prix ?
 
C’est une très bonne chose. Dans la mesure que ce sont des artistes qui viennent avec une autre vision. Et cela va permettre aux artistes ivoiriens de se remettre en cause donc de travailler encore plus pour s’améliorer et se perfectionner. Le fait qu’ils soient venus (les artistes Burkinabés) cela va leur permettre eux aussi d’apprendre auprès de leurs collègues ivoiriens. C’est donc de l’échange artistique et c’est cela que nous essayons de mettre en place. Même nous autres artistes ivoiriens nous ne nous connaissons pas suffisamment au niveau de l’extérieur. Vous prenez les artistes congolais, béninois ou gabonais etc. nous ne nous connaissons pas vraiment. Mais avec ce genre de concours où des artistes d’autres pays sont invités ce brassage fera que nous allons mieux se connaitre et changer sur les perspectives et les défis de notre milieu.
 
Les Guyzagn sont à leur sixième édition. On observe une bonification évidente au fur et à mesure des années. Les thématiques aussi sont de plus en plus complexes. Quel est votre regard quant à l’avenir de ce prix ?
Les artistes ivoiriens sont en quête de visibilité et d’espace de promotion. Il y a bien sûr l’existence des galeries mais à votre avis quelle peut être la contribution des Prix comme les Guyzagn dans cet objectif ?
 
Je le répète les Guyzagn sont une très grande chance pour nous autres artistes et surtout pour la jeune génération. Pour vous en donner une idée, tous les artistes qui ont remporté un prix lors des précédentes éditions ont tous évolué. Il y a certains qui sont en France, au Canada et dans d’autres pays. C’est une joie pour moi parce que quant un artiste a été primé il ne faudrait pas qu’il disparaisse du jour au lendemain de la scène artistique. Des gens qui ont été choisi doivent le prouver en travaillant beaucoup plus pour produire des œuvres de qualités et devenir de très grands artistes. Heureusement ceux que nous avons choisi sont des gens qui ont évolué et progressé dans leur art. Je suis allé jusqu’à Marseille rencontré Mobiago qui  a été mon élève au lycée et qui ensuite est rentré à l’école des Beaux Arts à l’Insaac. Aujourd’hui ce dernier prépare son doctorat. Il a remporté le Prix Guy Nairay. Pascal qui a été également Prix Guy Nairay est professeur à l’école des Beaux Arts d’Abidjan. Ce ne sont que quelques exemples. Donc tous ceux qui ont remporté le prix ont eu de la promotion. C’est un de nos objectifs et nous en sommes heureux.
 
Vos derniers mots Maître ?
 
Ce sont donc des choses à encourager. Et j’espère que le lauréat de cette sixième édition des Guyzagn va surtout continuer de travailler. Et je lance un appel à tous les jeunes qui sont à l’école des Beaux Arts d’Abidjan, d’Abengourou et de Bingerville de venir participer à ce concours parce que c’est un tremplin pour eux. Cela va leur permettre de se frotter à d’autres artistes et d’avoir une certaine ouverture et ils vont ressentir une amélioration dans leur travail. Mais malheureusement le constat est que très peu participent à ce concours. Très peu. Et moi je trouve cela très regrettable. Quant on est à l’école des Beaux Arts et qu’on entend ce genre de concours on ne doit même pas hésiter à y participer et c’est un devoir pour montrer ce qu’on sait faire parce que comme j’ai l’habitude de le répéter l’art n’a pas d’âge. Vous avez cinquante ans, un artiste à côté à quinze ans mais quand vous produisez des œuvres on ne peut pas dater en âge ces œuvres. Donc en tant que jeune on ne doit pas avoir peur de travailler avec des gens plus âgés. C’est aussi surtout une promotion pour les jeunes filles artistes. Vous remarquez qu’il y a une seule fille qui a été retenu pour le prix sur les nombreuses filles qui sont aux Beaux Arts. Ce n’est pas normal à mon sens. Je connais le problème des femmes. Elles ont plusieurs difficultés. Quand par exemple elles font un enfant, c’est une difficulté, quand elles sont aussi mariées et que le mari n’est pas sensible à l’art et ne suit pas ce qu’elle fait c’est un autre problème. Et surtout quant elle n’a pas de personnalité, de caractère pour pouvoir s’imposer à son mari c’est une énorme difficulté. Mais si elles arrivent à surmonter toutes ces difficultés elles deviennent une très grande artiste comme Mathilde Moreau qui a surmonter ces problèmes et qui est aujourd’hui la Directrice de l’Ecole des Beaux Arts d’Abidjan. Une artiste internationalement très bien connue. Mais je voudrais surtout encourager les jeunes filles à suivre la trace de Mathilde Moreau.
 
D’abord l’existence de ce prix est une très bonne nouvelle pour nous les artistes. Si ce prix n’avait pas été crée il aura fallu l’inventer. Ensuite je dis que la Galerie Houkami Guyzagn que Thierry Dia a mise en place est notre maison à tous. Et tous ce que nous autres faisons c’est du bénévolat dans le but de l’aider, de lui apporter notre modeste contribution parce qu’il se bat pour nous tous. Et quant cela va prendre corps comme nous sommes en train de le constater c’est aussi tout le monde qui va y gagner. Ce n’est donc pas évidement Thierry Dia seul qui va gagner dans cette affaire. Ce sera tous les artistes, les anciens mais surtout les jeunes. C’est pour cela qu’il faut qu’on fasse tout pour que cet espace (la Galerie Houkami Guyzagn) vive et prospère.
Interview réalisée par SOSSIEHI Roche

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