« La vie est faite d’étrangetés et de rêves qui, en se réalisant, dépassent parfois de très loin, les limites de la réalité imaginable. » Je pense que cette phrase résume très bien L’éternel amour. Je suis d’accord avec le fait qu’un roman n’a pas besoin d’être réaliste, et encore moins lorsqu’il veut montrer la force de Dieu et les caprices du destin. Mais franchement, je crois que Maurice Bandaman en a fait trop pour tenter de nous convaincre que peu importe les difficultés de la vie, tout se passera bien si on croit en Dieu.
Adama était un apprenti-chauffeur vivant à Abobo-derrière-rails, un quartier démuni d’Abidjan. Il a permis à son ami et patron de gagner au PMU en lui donnant des numéros gagnants. Ce dernier, Warifatche, s’envola pour les Etats Unis, et revint quelques années plus tard, ravir la « femme » d’Adama. Pour se venger et récupérer la belle Awa, Adama décida de partir pour l’Arabie Saoudite, en passant par le Maroc. Il espérait y amasser beaucoup d’argent en aidant quelques vieux à effectuer le pèlerinage. Ce voyage sera très loin de ce qu’il avait imaginé. Il rencontra dès le début de son aventure, un vieil aveugle qui le dépouilla de son argent en échange de quelques paroles sages. Le mendiant lui donna en plus de ses conseils, un carnet avec des préceptes islamiques. Adama commença à vivre en appliquant les principes qu’il découvrait au cours de son voyage. Un jour alors qu’il travaillait dans un hôtel de luxe au Maroc, Adama qui ne savait pas nager, sauva la vie d’une petite fille qui était tombée dans la piscine. Nour Al Hayat était la fille du propriétaire de l’hôtel, un Sultan d’Arabie Saoudite. Le père, plein de gratitude décida de céder un dixième de sa fortune à Adama. Du jour au lendemain, le balanceur d’Abobo-derrière-rails se mit à gouter au plaisir des riches. Seulement, le Sultan se fit empoisonner juste avant de léguer ses biens et Adama se retrouva dans les cachots de l’Arabie Saoudite…
L’histoire ne s’arrête pas là mais il vous faudra lire L’éternel amour pour découvrir comment Adama terminera son aventure. J’ai été tellement déçue que je souffre encore en rédigeant ce compte rendu. Plusieurs fois, j’ai essayé de me convaincre que Maurice Bandaman a écrit ce livre à ses débuts et qu’il manquait d’expérience. Nenni, c’est juste que parfois c’est bon, et d’autres fois ça foire. Plus jeune, j’ai beaucoup apprécié Même au paradis on pleure quelque fois (que je dois d’ailleurs relire). Mais j’ai lu les 207 pages de L’éternel amour sans pouvoir établir la moindre connexion avec les personnages. Des faits censés m’émouvoir n’ont pas eu l’effet escompté. Les mots choisis, le style d’écriture ne m’ont pas permise de vivre ce voyage en même temps qu’Adama. Au début j’ai aimé découvrir une parcelle de la vie Abidjanaise et j’ai aussi plus tard apprécié la visite au Maroc.
Malheureusement, j’ai eu l’impression de lire une fable maladroitement déguisée en la réalité. Le pauvre qui devient riche par un heureux concours de circonstances, qui ne se décourage pas face aux adversités, et pour qui presque tout fini bien même quand ça va mal, ressemble trop au genre d’histoires qu’on retrouverait dans un livre saint… mais encore ! C’est vrai qu’on y apprend l’interdiction de jouer aux jeux du hasard, l’importance de prier pour les autres et d’invoquer Allah en tout temps. Mais le livre est présenté comme une quête spirituelle, basée sur des enseignements islamiques, alors que l’un des personnages présenté comme un sage et pieux musulman, forniquait avec les femmes du harem sous sa garde et lisait dans le mouvement des étoiles…
J’ai enduré ce livre, uniquement parce que je voulais savoir si les derniers chapitres allègeraient le supplice. Mais finalement, je pense que je vais compter sur vos avis, pour croire que cette histoire d’amour vaut la peine d’être éternisée.