Nous estimons que chacun en quelque sorte a le devoir de savoir d’où il vient. Connaître son village, sa culture et l’organisation coutumière est important dans le sens où cela contribue à l’édification de notre personnalité.
Par Karim Dagnogo
Nous pouvons aussi être des acteurs de changement, si nous encourageons les actions louables et dénonçons les moins bonnes.
Le village des braves
Situé dans le département de Boundiali, Landiougou (Lowgnougo pour les habitants) est le village que nous avons visité le 18/11/2018. Il se situe au sein du Pongala Nord qui regroupe plusieurs villages dont Kassere, Tiasso, Baya, Koffre, Toungbeli, Nonganan pour ne citer que ceux-là.
Lowgnougo est un village particulier, parce qu’il a résisté à l’invasion de Samory Touré. Plus loin dans le village, on peut encore observer ce qui reste des murs de la résistance.
Dirigé par les grandes familles Coulibaly, Koné, Ouattara qui en sont les chefs de terre, Lowgnougo est remarquable par la bravoure de ses hommes.
Ici pendant les périodes de grands travaux dans les champs, le village devient une ville fantôme. Ceux qui restent à la maison sont soit malades, ou trop vieux pour aller au champs. Dans le village si tu n’es pas courageux et travailleur tu n’auras que tes yeux pour pleurer.’’ Me confia Sékou Dagnogo, mon hôte.
Ce village que nous avons eu la chance de visiter est aussi celui dont est originaire le célèbre balafoniste Yassoungo Coulibaly. Il est connu dans toute la région pour sa maîtrise de cet instrument de musique. Pendant les funérailles qui sont des périodes de réjouissances, le balafon de Yassoungo Coulibaly se distingue parmi mille autres. Il est celui-là même qui donne du rythme aux festivités.
Nous étions dans un village où case et grenier font place à de grandes concessions en duplex. Les maisons traditionnelles tombent en ruine, la couverture réseaux est quasi impeccable. Nous en sommes arrivé à nous demander si nous étions vraiment dans un village.
Pour vivre dans une parfaite harmonie et préserver les richesses culturelles et ancestrales, Lowgnougo, ainsi que d’autres villages (cités plus haut) se sont unis pour former une grande mutuelle dénommée le PONGALA NORD. Grâce à cette mutuelle, les villages évoluent dans une atmosphère de bonne entente. Cette situation favorise le développement de la communauté. Comme le cacao dans certaines zones du pays, dans le Pongala c’est l’anacarde qui est cultivé. A côté, nous avons d’autres cultures dont le riz, le maïs, le mil et aussi l’arachide.
Pendant longtemps ces cultures faisaient le bonheur des habitants de la région. C’était avant parce que bien que les villageois continuent d’aller au champs, une autre forme de culture a commencé à s’installer.
Des villages face au défi de la modernisation
Aujourd’hui dans le Pongala Nord, le travail de la terre qui donne au peuple Sénoufo toute sa beauté est phase de disparition.
Les jeunes villageois s’orientent de plus en plus vers le sous-sol pour l’extraction de l’or. C’est la ruée vers l’or dans le nord. Tout le monde veut avoir une pépite. Cette nouvelle activité dominée par des ressortissants étrangers permet au PONGALA de se développer.
Toutefois, nous avons pu observer que ces extractions réalisées de manière clandestine sans aucune règle de sécurité pourraient être un cancer pour les villages. Ne respectant aucun règlement de protection de la faune et de la flore, les orpailleurs clandestins détruisent les terres, polluent les eaux et installent la corruption.
Voilà la nouvelle activité de presque tous les jeunes du Pongala Nord. L’orpaillage n’est pas une mauvaise chose en soi. Ce qui est à déplorer c’est le manque de contrôle et de gestion de cette activité. Nous n’avons pu approcher des responsables de gestion de cette nouvelle vache à lait qui lentement, mais sûrement détruit la terre.
Nous espérons que des efforts seront faits pour régler ce problème de l’orpaillage clandestin qui souvent est source de tension sociale.