Le 24 janvier 2019, se tenait au Novotel Abidjan, la conférence de presse du concours Miss Côte d’Ivoire. L’événement est devenu au fil des ans une institution incontournable.
A saluer pour sa constance des présélections à la grande finale, il souffre cependant de sa notoriété qui l’expose à de nombreuses critiques. Pour certains, le concours perdrait de sa superbe en terme d’organisation, pour d’autres il se désacraliserait au vu des mandats de certaines lauréates. Les plus pessimistes n’y voient plus d’intérêt. Mais il est bien là, et nous tenterons de le prouver.
Par Orphelie Thalmas
Un enjeu socio-économique
L’étape des présélections est probablement la plus sous-estimée. Le chantier qu’elle implique est insoupçonné par le grand public : Plus d’une dizaine de villes à travers la Côte d’Ivoire, des milliers de kilomètres parcourus en tout avec une équipe de journalistes, cadreurs, hôtesses, et toute la logistique des annonceurs associés à l’événement. Des centaines de personnes investissent les villes du pays profond, y apportent animation et boostent le temps d’un week-end, l’industrie hôtelière et celle de la restauration. Le COMICI et ses partenaires mobilisent des prestataires en plus de leurs ressources humaines.
Au sens purement social, la phase de questions-réponses imposée à chaque candidate, est l’occasion d’intéresser un nombre record de téléspectateurs. La Miss élue devient une personne suivie et inspire. Elle est revêtue par sa couronne, d’une aura qui lui permet de jouir d’une certaine influence.
Cette influence est un atout pour donner de la force aux causes qu’elle pourrait défendre lors de son mandat. L’enjeu ici est de réussir à encadrer la lauréate afin qu’elle se montre responsable et mène effectivement des actions sociales, ou tout au plus, qu’elle se prononce sur des questions sociales afin d’attirer l’attention. On se souvient encore de la sortie de la Miss Jenifer Yeo concernant l’insalubrité.
Et même après son mandat, la Miss ne perd pas pour autant son titre. Elle peut toujours être un porte-voix efficace pour les personnes qui ne bénéficieraient pas de projecteurs comme elle.
A ce niveau, il y a clairement un besoin d’inviter davantage nos reines de beauté à un peu plus d’engagement sur la durée à l’image de Darlène Kassem , première dauphine 2017. Et si elles ne se sentent pas cette vocation, elles peuvent par leur parcours professionnel et leur bonne presse, inspirer ceux qui la suivent. La Miss Laetita N’cho en est l’exemple fort.
Un enjeu Culturel
Ambassadrice de la Côte d’Ivoire, la Miss est d’ailleurs quasiment traitée au même titre que les grandes personnalités politiques lors de cérémonies officielle. Le statut est donc très sérieux. Il n’est pas question seulement d’apparence. Et encore… Concernant l’apparence, la Miss peut faire la promotion des créations locales en les arborant fièrement comme elle pourrait le faire avec des marques occidentales. Regardée, scrutée même, elle devient prescriptrice des tendances. De sortie à l’extérieur du pays, sa garde-robe de circonstance peut donner de la force à notre industrie de la mode.
Au delà, les Miss régionales ont la possibilité grâce aux campagnes de vote sur les réseaux sociaux, de faire la promotion des régions qu’elles représentent. Certes pour beaucoup, elle font le voyage d’Abidjan à la ville concernée pour se présenter au concours, mais il y a un effort à mener pour connaître cette ville et sa culture. Par cette pratique, on peut renforcer le tourisme local. On sait tous comment les semaines de campagne digitale sont mouvementées et monopolisent l’attention des internautes.
Pour revenir à la Miss (et à ses dauphines d’ailleurs), les sorties internationales, en dehors du stylisme, requièrent leur sens de la conversation. Les sujets politiques sont à éviter, mais pour les questions culturelles et sociales, du lobbying peuvent être subtilement fait sur de simples discussions lors d’un dîner officiel.
Le concours Miss a un potentiel à exploiter plus qu’il ne l’est déjà.
Photo : MTN Côte d’Ivoire