Sapezo, ce savant fou.
 
Lundi 3 mars, village MASA 2014, palais de la culture. Je fais une visite de cet espace aménagé pour la circonstance. Une petite reconnaissance des lieux avant de revenir pour les grands événements programmés toute la semaine. Un stand de vente d’articles, un T pour des défilés de mode, un maquis ouvert, une belle scène de concert, des artistes ça et là jouent du balafon, de la guitare, dansent, vendent leur spectacle.
Je reconnais des amis. Parmi eux Digbé Vincent, administrateur du CRESAS. On bavarde longtemps et il me parle de cette pièce: « Les convives de la maison Sapezo ». Croyez le ou pas, à l’ instant où j’écris ces lignes, je frémis à l’idée qu’il me parlait là d’un chef d’oeuvre dont je n’aurai jamais eu le soupçon si nous ne nous étions pas rencontrés ce soir là.
Enthousiaste, Vincent me vendait donc le spectacle qui se déroulerait le lendemain mardi à l’ex GRTO à Cocody-Abidjan. Sur le coup j’ai hésité. Il y avait des concerts, des défilés de mode et d’autres attractions le même jour. Fallait-il y renoncer pour une pièce de théâtre? Et puis il m’a donné un avant goût de la chose. J’ai décidé que je viendrai.
19h30, les convives arrivent. L’éclairage est telle qu’on dirait l’aube. Je suis accompagnée de deux amis clairement passionnés de théâtre: Franck et Charles. Leur intérêt pour la chose, je l’admets, est bien plus poussé que le mien. Au bout de trente minutes, on s’interroge. Où la pièce sera t-elle présentée? Le public est installé dans une sorte d’arène miniature, noyée par l’obscurité. La musique passe. Du Mike Danon. Dans dix minutes nous serons impatients.
Cybernix, surprotecteur avec son assistante, professionnel des avortements.
Et là en face à quatre mètres de notre position, un rire aigu, un rire des plus inattendus se fait entendre. Apparaît une jeune femme surexcitée, sautillant, nous invitant à entrer. Un peu déroutés par la surprise de cette apparition, il nous faut quelques secondes avant de réaliser que le spectacle se déroulera sur cette scène plus loin devant. Nous passons un portail de fortune et c’est là que débute toute la folie géniale de metteur en scène, Vagba Obou de Sales… Mais laissez moi vous faire un résumé de l’histoire.
« Dans un chalet sur une colline de Térafric-la-Cité,  le Dr Sapézo, vient de réussir une opération inédite : la transplantation d’un cerveau dans la boîte crânienne d’un promeneur qui a perdu la vie dans une chute au cours d’une escalade. L’exercice finit par aboutir. Il baptise son personnage du nom de Héburnée. La ‘‘créature’’ a le don de disparaître et de réapparaître, de se métamorphoser à sa guise.  Il a même la capacité de se réincarner dans les hommes. L’homme de science, gonflé d’orgueil et euphorique, demande à Mlle Atlantie, son assistante d’appeler ses meilleurs amis pour leur faire découvrir les résultats de ses travaux. Il s’agit en l’occurrence du Dr Cibernix : informaticien exerçant à Térafric-la-Cité, Pr. Eko Ezukwa alias Pr. Eko : économiste, Député Maire de Banana-la-Douce, Pr. Maximilien Fénotipe alias Pr. Féno : neuro-gynécologue exerçant à Solafric-la-Petite, Mlle Matrona : Assistante du Pr. Féno Sapézo, croit avoir découvert les secrets de la vie. Mais sa victoire est de courte durée. »
Matrona, assistante et complice de Sapezo.
Cette histoire sort de l’imagination de Liazélé Seri Elie, qui est l’auteur de l’oeuvre  adaptée par le CRESAS: Les convives de la maison Sapezo.
Des comédiens décomplexés, un comédien dissimulé dans le public, un décor plein de charme dans la simplicité, une pièce rythmée qui ne vous donne pas le temps de vous ennuyer, et cette manie douteuse que Sapezo et ses invités ont à nous éclabousser d’eau tout le long de la représentation… C’était le nouveau théâtre.
Ce théâtre là accorde toutes les générations, toutes les écoles. Il est original, moderne sans s’éloigner des fondamentaux, frais et chaleureux. J’ai eu un coup de cœur particulier pour Maximilien Fénotipe, un personnage pragmatique dont les répliques soulevait instantanément les fous rires.
Ce jour là nous sommes repartis plein d’espoir pour l’avenir du théâtre en Côte d’Ivoire.
Atlantie, la clé du mystère
 
 

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