Nous vous dressions le portrait de Gnagna Koné, jeune sénégalaise à l’origine de Teranga Jam. L’événement se tiendra du 16 au 18 novembre sur la place du Souvenir Africain à Dakar. Si il est  festif avec ses concerts et soirées DJ, il est aussi guidé par une réflexion profonde. Au cœur de celle-ci, une notion : La diplomatie culturelle.

Culturiche a interrogé Gnagna Koné afin de mieux cerner le concept. En quatre questions, vous devriez être éclairés.

Par Orphelie Thalmas

Gnagna Koné

La diplomatie culturelle est une notion qu’on emploie et appréhende difficilement. Comment vous la définirez ou l’illustrerez pour une meilleure compréhension ?

La diplomatie culturelle est une forme de diplomatie publique qui dépend toujours des intérêts et de ligne de politique extérieure d’un pays mais qui ne nécessite pas toujours l’intervention de l’Etat contrairement à la diplomatie « classique » étatique.

La diplomatie culturelle est aussi portée par des centres culturels, des musées, des institutions et entreprises culturelles privées, etc.

Ici, on parle de «soft power », une notion dans laquelle on utilise les aspects culturels très enchanteurs pour convaincre, faire adhérer et atteindre des objectifs d’intérêt commun. La culture devient une arme puissante mais non coercitive qu’on utilise pour exercer un doux pouvoir, par l’influence notamment.

C’est ce principe de « soft power » qui je trouve intéressant de se réapproprier dans l’entreprise culturelle même. La pratique est usitée depuis la nuit des temps par les Hommes, avant d’être conceptualisée dans cette notion au 20ème siècle. 

 En illustration, dans la société sénégalaise, le « soft power » est quelque chose que les gens pratiquent dans la vie de tous les jours jusque dans les hautes sphères, sans peut-être l’appeler de la même manière entre le « massla » (l’art d’être diplomate), le « nakhanté » (l’art d’être conciliant), le « ndiekeu ak Téranga » (l’art de la bienséance et de la courtoisie). Si Joseph Nye (le père du concept de « soft power ») était sénégalais, il l’aurait appelé téranga, je pense. (rires).

Venez expérimenter Teranga Jam.

Est-ce l’élément clé que vous souhaitez mettre en avant avec Teranga Jam ?

Oui, l’élément « soft ». C’est un élément de repositionnement de l’Homme, son bien-être et sa pérennité, au cœur de toute volonté de développement. Que l’on passe par la culture, les sciences, la technologie, tous les chemins qui mènent au développement devraient passer par, et non outrepasser, l’Homme.

L’élément clé est aussi dans une réelle dynamique d’apaisement dans laquelle même des avis les plus divergents peuvent se retrouver. On ne saurait accueillir ou maintenir quoi que ce soit de bien sans une réelle volonté d’apaisement des esprits, des cœurs et des mœurs.

Participer à la promotion de notre culture avec ses particularités, sa beauté mais aussi ses choses à améliorer, ses complexités et nuances, dans sa volonté d’être solide dans ses racines mais ouverte à des perspectives de modernité, d’évolution…c’est un peu cela l’idée.

 Comment ?

Dans Teranga Jam, la Téranga est humaine et intergénérationnelle (avec jeunes et moins jeunes inclus). Elle est tout aussi universelle que la créativité. Elle est chantante, dansante, affirmée et déterminée mais sans être écrasante.

Surtout, elle est aux cœurs ce que la musique est aux mœurs, elle adoucit.

Notre « soft power » à nous, c’est ainsi que nous la mettons en œuvre. Cela part du Sénégal, par de jeunes et moins jeunes Sénégalais pour toute personne que cela atteindra et touchera dans le temps et l’espace, aussi courts ou grands qu’ils puissent être. Du voisin d’à coté à celui qui vient d’ailleurs ou se trouve par delà de nos frontières. C’est cela les principes de base utilisés pour créer et mener les activités. (sourire)

Pensez vous que la culture est fortement liée à la politique?

La politique, en tant que science et pratique, est d’abord une affaire d’Homme.

La culture est la base des Hommes même si nous sommes censés en retour la questionner, l’influencer,  la bouleverser, la faire évoluer dans un sens ou un autre. On dit d’ailleurs que c’est ce qui demeure en l’Homme lorsqu’il a tout oublié.

Le lien est clair, tant qu’on ne perd pas de vue le fait que la politique est avant tout une activité sociale dans laquelle les membres d’une société sont censés établir ensemble le cadre et règles de vie dans celle-ci et décider de leur avenir. Ce n’est pas facile de se le rappeler avec la forme dominante de politique « politicienne » (comme on l’appelle) que l’on voit couramment et où il est plus question de quête parfois aveugle de pouvoir(s) par les uns au détriment des autres.

Après, la force de ce lien dépend, selon les circonstances et leurs urgences, d’un moment à un autre, d’une société à une autre, d’un contexte à un autre.

Categories: Société

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